La tech adore opposer le développement no-code aux solutions full code sur mesure, comme deux mondes irréconciliables. Et si c’était (peut-être) un faux débat ? En réalité, ces deux approches ne s’excluent pas mutuellement. Le no-code n’a pas vocation à “remplacer” le code traditionnel, et le développement sur mesure garde toute son importance. Examinons pourquoi opposer no-code et code est trop simpliste, et comment allier le meilleur des deux.
Le no-code désigne des outils qui permettent de créer des applications ou sites web sans écrire de code soi-même. Attention, “sans code” ne veut pas dire sans code du tout : en coulisse, ces plateformes génèrent du code pré-écrit par des développeurs. Autrement dit, les développeurs ne vont pas disparaître, même si ces outils automatisent une partie du travail.
Si le sujet fait autant parler de lui ces dernières années, c’est que les plateformes no-code ont beaucoup gagné en maturité. La pandémie a accéléré leur adoption, face à la pénurie de développeurs disponibles. D’après une étude, 82% des organisations peinent à recruter des talents tech et accumulent les projets en retard, un contexte qui pousse à explorer les solutions low-code/no-code. Conséquence : le marché du no-code explose, avec une valeur estimée à 65 milliards de dollars d’ici 2027 (contre seulement ~3,5 milliards en 2019).
On présente souvent le no-code et le code “traditionnel” comme deux approches en compétition directe, chacun ayant ses fans et ses détracteurs. Les arguments classiques :
En caricaturant, on pourrait dire que no-code, c’est rapide mais limité ; le code, c’est puissant mais long et coûteux. D’où le dilemme apparent, choisir l’un au détriment de l’autre.
Opposer frontalement no-code et full code passe à côté d’une réalité : ils répondent à des besoins différents et peuvent se compléter. Il n’y pas à choisir un camp définitivement, il faut plutôt choisir la bonne approche pour le bon usage.
De nombreux projets combinent déjà les deux. Par exemple, une startup pourra prototyper son produit en no-code (pour tester le marché rapidement), puis faire appel à du développement sur mesure si elle dépasse les limites de la plateforme. On parle alors de stratégie hybride, ou de low-code. Un rapport conseille ainsi d’utiliser le no-code pour construire des outils qui ne risquent pas de devenir bloquants pour l’activité, et de basculer sur du code custom dès que l’on touche aux “normes de qualité plus élevées” exigées (performance, sécurité, etc.). En pratique, il est même courant d’étendre une solution no-code avec du code : beaucoup de plateformes permettent d’ajouter des scripts personnalisés ou de se connecter à des API pour combler un manque. Ce mix & match fait partie intégrante de l’écosystème no-code moderne.
Plutôt que de les opposer, les entreprises gagnent à les associer intelligemment. Dans un futur proche, les meilleurs devs créeront des outils no-code. Autrement dit, le rôle du développeur évolue (construire les “lego” no-code que d’autres assembleront), mais le besoin de code reste fondamental.
Comment concrètement tirer parti des deux approches ? Quelques pistes se dégagent :
En somme, opposer no-code et code est un débat stérile. La bonne stratégie consiste à connaître les forces et faiblesses de chaque approche pour les appliquer où il faut. Plutôt que de choisir son camp, on veillera à marier les deux : un état d’esprit pragmatique qui permettra de bénéficier de la vitesse et de la puissance, au service du produit idéal.